Mini-moi

Tamarins à main jaunes (Saguinus midas)

Même si la jungle s’avère souvent avare en rencontres avec des mammifères, les tamarins ont toujours répondu présent. Mais pour ensuite tirer le portrait de ces petits primates, il faut souvent une bonne dose de chance. Ce fut le cas pour cette photo, et en prime sans même avoir besoin de marcher des heures en forêt. Trop dur la vie d’un photographe…

Quand on parle des animaux peuplant l’Amazonie, les espèces qui marquent d’abord l’esprit sont souvent le jaguar, le fourmilier, le tatou, le puma, etc. En fait, les mammifères. Or si notre séjour nous a permit de voir quantité d’invertébrés, un bon nombre d’oiseaux et quelques reptiles, ce ne sont pas les mammifères qui se sont le plus montrés à nous. Pourtant, sur le papier, la Guyane présente une diversité considérable : prés de 200 espèces, bien plus qu’en métropole. Il y a plusieurs explications : déjà, parmi toutes ces espèces, la majorité regroupe des chauves-souris et de petits rongeurs, animaux très discrets donc. Ensuite, de nombreux animaux (opossums, petits félins, rongeurs…) ont des mœurs nocturnes, passant ainsi la journée à dormir dans les arbres ou bien cachés dans un terrier. Mais pour les mammifères restants, les gros animaux diurnes donc, pourquoi ne les voit-on que très rarement ? En effet, je parlais du camouflage des petits insectes il y a peu, où un coléoptère caché sous une feuille pouvait passer inaperçu ; mais pour un puma ou un tapir passant sur notre chemin, il est déjà plus difficile de le manquer (même si lui aussi se cache sous une feuille…). En réalité, même si la forêt tropicale abrite un grand nombre d’espèces, la densité animale est relativement faible, notamment pour les mammifères. Quand on sait qu’un jaguar se déplace sur un territoire de 150 kilomètres carrés, en croiser un tient du véritable coup de chance.

Ainsi, nous n’avons pu rencontrer que peu de mammifères au cours de nos vadrouilles : quelques agoutis (gros rongeurs) ont été vus, des opossums la nuit sur la route, quelques traces fraiches de félins… Mais les mammifères les plus couramment rencontrés ont été les primates, tamarins en tête. Ces petits singes (20 cm de corps pour 40 cm de queue, un poids d’à peine 500 grammes) ont ainsi souvent été vus sur le bord de la route ou encore en pleine forêt, sautant d’arbres en arbres. Se pose alors le principal problème de la photographie animalière en forêt tropicale pour les animaux arboricoles (les singes, mais aussi la plupart des oiseaux) : la différence de hauteur entre le photographe et le sujet. Car en Amazonie, les arbres sont bien plus hauts qu’en milieu tempéré, les animaux se trouvent alors à plusieurs dizaines de mètres au dessus du sol. Nous nous retrouvons alors avec des photos en contre-plongée importante, ce qui n’est pas l’idéal pour de la photo animalière. De plus, le ciel apparaitra souvent en arrière-plan, favorisant l’apparition de zones « brulées », quand ce n’est pas purement et simplement un contre-jour. Si l’on peut jouer avec ces contraintes, difficile d’obtenir autre chose que ce type de photo. A moins d’avoir un bon coup de chance…

Si la photo du jour n’a pas subi les contraintes citées ci-dessus, c’est tout simplement qu’elle n’a pas été prise en plein cœur de la forêt, mais d’une clairière « artificielle » : notre carbet. Ainsi, après une rude journée de marche en forêt, nous voilà rentrés au carbet (ancien camp de légionnaire reconverti en « maison d’hôtes », « maison » signifiant quatre poteaux soutenant un toit en tôle, juste de quoi installer ses hamacs). Le camp est ainsi situé en pleine forêt, sur un terrain défriché légèrement en pente. C’est donc de notre carbet que nous avons aperçu une petite troupe d’une dizaine de tamarins sautant d’arbre en arbre au niveau de la lisière. Ainsi, plus de problème de contre-plongée, le terrain étant en pente, les singes se sont donc retrouvés à quelques dizaines de mètres de nous mais à notre hauteur, sans aucun feuillage entre eux et nous de surcroit. Dans ces conditions, il a suffit à Anaïs de saisir son appareil pour faire ces clichés tranquillement.

Même si l’on rencontre ces animaux régulièrement, c’est toujours un vrai bonheur de les observer. Avec les singes, il se passe constamment quelque chose : pendant que deux jeunes chahutent, quelques adultes dépiautent consciencieusement des fruits avant de les dévorer, rejoints par d’autres faisant des bonds impressionnants de plusieurs mètres de branche en branche, le tout dans un concert de piaillements aigus. Cela n’était pas le cas aujourd’hui, mais se retrouver véritablement au beau milieu d’une colonie de singes est une expérience unique. Et quelques jours plus tard, nous avons eu cette chance avec une autre espèce de primate encore plus photogénique. Mais c’est une autre histoire !

Yann

3 Comments

  1. Marion 9 septembre 2009

    Vous savez que je suis une fan de singes… Je suis donc un peu jalouse ^^. En revanche, je vais faire ma pointilleuse mais n’aurait-il pas été mieux de les cadrer plus serré ces deux petits primates ? Peut-être n’est-ce du qu’à une limite technique, ou à un choix délibéré… Yann, j’ai déjà vu la photo qui prouve que tu as rencontré un jaguar (^^)…

  2. Anaïs Carvalho 9 septembre 2009

    Alors en ce qui concerne le cadrage de la photo, il s’agit là d’un recadrage de la photo originale… Pas de beaucoup environ 10-20%. J’aurai pu recadrer plus mais cela aurait été un crop de mauvaise qualité….
    Ces petits singes sont très vifs, ne s’approchent pas beaucoup de nous et sont surtout tout petits. Il est donc assez difficile de faire des portraits serré… Mais ne t’inquiète pas, bientôt nous posterons des portraits de singes mais d’une autre espèce….

  3. Marion 9 septembre 2009

    Super ! Merci pour la précision.

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