Gros bec

Toucanet koulik (Selenidera culik)

Après ces deux jours d’absence, tout simplement à cause d’un manque de temps, nous revoici plus en forme que jamais. Et pour nous faire pardonner ce retard, nous vous proposons aujourd’hui de vous faire partager une très belle rencontre avec un oiseau magnifique. Quand on vous disait qu’au niveau ornithologie nous n’avions pas été déçus… Et ce n’est que le début !

Je vous passerai la bataille de spécialistes pour dire si oui ou non ce « toucanet koulik » est un toucan. Au sens strict, on ne compte pas la famille des toucanets et des araçaris parmi les toucans. Au sens large, tout ce qui possède ce bec si caractéristique (famille des Ramphastidae) est un toucan. Et c’est bien plus simple ainsi. Car tous ces oiseaux sont bien reconnaissables par ce curieux bec, mesurant parfois la moitié du corps de l’animal. Pour la petite minute culturelle, il s’agirait en réalité d’un système de régulation de température, un peu comme les grandes oreilles des éléphants. Ainsi, ce mélange d’os et de kératine, très léger, est loin de l’handicaper.

Les toucans (au sens large donc), nous en avons vu, et pas qu’un peu. Sur les sept espèces vivant en Guyane, nous en avons observé quatre : le toucan ariel (que nous vous avons déjà présenté), le toucan à bec rouge, l’araçari grigri, et le toucanet koulik, à l’honneur aujourd’hui. Comme vous le voyez sur les photos, voir ne signifie pas faire un bon cliché. Il s’agit souvent de rencontres très éphémères : un groupe vole au dessus d’une piste, un ou deux individus se posent quelques secondes à la cime d’un arbre derrière des branchages et repartent ensuite. Disons qu’il faut se tenir près (dans les deux sens du terme). Le seul avantage que nous avions est justement le comportement sociable des toucans. En général, nous en voyions un passer au dessus de nous, attendions quelques dizaines de secondes, l’appareil sur les startings blocks : quelques individus suivaient alors le chemin exact du premier. Cela multiplie les chances d’avoir quelque chose sur sa pellicule. Mais pour le toucanet d’aujourd’hui, ce fut encore une autre histoire.

La rencontre se passa une matinée en forêt, où Anaïs commençait à se sentir mal : fatigue, nourriture, eau, piqures, envenimation, coup de chaleur ; au bout d’un moment, on ne cherche plus à savoir tant les causes peuvent être nombreuses. Je décide donc de la ramener au campement pour s’y reposer pour l’après-midi. Sur le chemin du retour, un peu avant de rejoindre la voiture garée à l’entrée du layon, un petit oiseau s’envole à quelques mètres sur le chemin devant nous, pour se poser sur une branche à proximité. Un coup de jumelles, et c’est l’identification : toucanet koulik, un magnifique toucan. Nous avions déjà vu un individu quelques jours plus tôt sur une piste, mais à quelques dizaines de mètres de nous. Là, le toucanet semble prendre ses aises à quelques mètres, nous laissant même nous rapprocher jusqu’à nous retrouver quasiment en dessous de sa branche. A cette distance, ce qui frappe, c’est la petite taille de ce toucan : à peine 30 centimètres de long.

Le sujet était donc présent (et coopératif !), la distance était plus que raisonnable, ne restait à la photographe qu’à oublier sa douleur quelques minutes et mitrailler. L’angle n’était pas idéal (trop de contre-plongée), mais surtout la lumière n’était pas au rendez-vous : nous étions dans un coin particulièrement dense et où peu de lumière filtrait. Résultat, la photo ne rend pas entièrement hommage au plumage spectaculaire de l’animal. Mais, avec une photographe malade, contentons nous déjà de cette belle rencontre !

Yann

3 Comments

  1. Marion 28 septembre 2009

    Ah ! J’avais peur que le problème de place sur le blog ne soit réapparu… J’aime bcp cette photo, avec l’impression de luminosité dans le sous-bois. Elle n’est pas parfaite, tu l’as dit Yann mais d’après les circonstances, je la trouve vraiment pas mal ! La branche et l’orientation de la tête de l’oiseau rendent bien. Merci pour ces autres photos qui nous montrent un aperçu des couleurs… Allez, la question du jour : les mâles et les femelles présentent-ils les mêmes couleurs ou bien la femelle est-elle plus « terne » comme chez d’autres espèces? Pour le bec-climatiseur, voici une brève de Sciences et Avenir (et oui, un peu de pub) : http://sciencesetavenirmensuel.nouvelobs.com/hebdo/parution/p751/articles/a407091-.html

  2. Yann 28 septembre 2009

    C’est vrai qu’en général chez les oiseaux la femelle ne possède pas les couleurs vives du mâle. Mais pas chez les toucans. Pour la grande majorité des espèces, les deux sexes ont le même aspect, si bien qu’il est difficile de les différencier. Pour le toucanet koulik, exception dans l’exception, il y a un pourtant un dimorphisme sexuel. Je cite ici le très bon site http://www.oiseaux.net :

     » La femelle possède en commun avec le mâle son dessus, ses ailes et ses rectrices vertes terminées de rouge. Le capuchon noir est bien plus réduit et prolongé par une large nuque vermillon, le demi-collier jaune absent. Les joues, le pourtour des yeux, la gorge et la poitrine affichent une jolie teinte gris-bleu alors que chez le mâle, seule la zone orbitale présente cette particularité. Pour finir, le ventre est vert pâle. Chez les deux partenaires, le bec est noir avec une large zone rouge à la base. »

    Pour ceux qui ne sont pas habitués au vocabulaire ornithologique, cela signifie que l’individu que nous avons photographié est donc une femelle!

  3. Marion 28 septembre 2009

    Merci Yann, du vrai travail de pro ^^.

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