Chant des villes

Tyran quiquivi (Pitangus sulphuratus)

Quiscale merle (Quiscalus lugubris)

Aujourd’hui, un petit mot sur les oiseaux des villes. Car il n’y a pas qu’en forêt que l’on peut croiser la gente ailée ! En Guyane, on troque le merle noir et le moineau contre le Quiscale merle et le tyran. Mais en ville, d’autres espèces n’ont pas la chance de pouvoir voler, restant derrière les barreaux.

En Guyane, la faune est partout présente. Avec 95% de superficie boisée, les milieux naturels sont très peu morcelés par les zones urbaines. Même si la quasi-totalité des villes sont concentrées sur le littoral, il ne s’agit pas d’une bande côtière déserte de vie. Dés que l’on sort de la ville, on est déjà dans la jungle, ou presque. Pour donner un exemple, la piste d’atterrissage de l’aéroport est bordée par la forêt. Ainsi, même si la biodiversité est moindre en ville, on trouve tout de même beaucoup de choses.

Il y a donc des espèces forestières qui s’aventurent parfois en ville, mammifères, oiseaux ou encore reptiles. Les toucans et perroquets font ainsi régulièrement des visites aux portes de Cayenne, tandis que des iguanes se dorent parfois au soleil au sein même de la ville. Dans un des tout premier post, vous avez aussi pu constater la présence de nombreux limicoles, dont des ibis rouges, en plein Cayenne. Et puis, il y a aussi toute une foule d’animaux qui se sont adaptés au milieu urbain, pour y vivre exclusivement. Je ne suis pas spécialiste de la question et il existe assez peu de documentation sur le sujet, je ne m’attarderai donc pas trop là-dessus. Disons tout de même que l’on retrouve, par exemple, le traditionnel pigeon (qui semble avoir colonisé les villes du monde entier), mais en plus petit nombre qu’à Paris. Les moineaux, corneilles, ou mésanges n’ont quant à eux pas traversé l’atlantique. Ils sont donc remplacés par quelques espèces de tyran, par le vacher luisant ou encore le Quiscale merle (le merle local). De petits passereaux très colorés sont aussi de la partie, tels les tangaras.

Mais je ne peux pas évoquer les oiseaux en ville sans parler de l’espèce la plus rencontrée partout où vivent les Hommes : la Picolette (ou Pikolet en créole). De son vrai nom Sporophile curio, on ne croise pas cet oiseau voletant dans les jardins, mais bien dans une cage au bras de son propriétaire. Il s’agit d’une « tradition » (je mets le mot entre guillemets, car la mode ne date que d’une cinquantaine d’année, amenée par des indonésiens venus du Surinam) en Guyane, voir d’une véritable passion, exclusivement masculine. Cet oiseau est en effet réputé pour son chant, et ce sont de véritables concours qui ont lieu régulièrement, où les picolettes s’affrontent dans des joutes musicales. Cela peut prêter à sourire, mais il existe une grande communauté de passionnés qui peuvent se ruiner pour l’achat d’une picolette particulièrement douée, ou encore pour entretenir la cage. Mais les prix des concours sont aussi un moyen de rembourser tous ces frais.

Le problème de la picolette, c’est que l’espèce est craintive. Un peu trop de bruit dans un concours, et celle-ci refusera tout bonnement de chanter. Alors, pour habituer son oiseau à tout type de bruit, un bon propriétaire l’emmènera partout avec lui. C’est ainsi que l’on croise très souvent un créole attendant le bus avec son oiseau à coté de lui, ou encore à vélo, la cage sous le bras. Le problème avec cette mode, c’est que les sporophiles à l’état sauvage sont de plus en plus menacés. D’autant plus que certains prélèvements dans la nature ne se font pas vraiment avec respect pour l’animal (c’est rare, mais cela se faisait parfois avec de la glue sur une branche). En Guyane, les associations de passionnés commencent heureusement à promouvoir les picolettes d’élevages, mais sans savoir si cela suffira à enrayer les nombreuses captures dans la nature. La réponse dans quelques années !

Yann

2 Comments

  1. Audrey 5 octobre 2009

    On a du mal à distinguer l’oiseau sur la première photo, sa couleur et le couleur du fond sont assez proches, dommage. Une préférence donc pour le deuxième cliché.

  2. Marion 5 octobre 2009

    Idem !

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