Le magicien

Polychrus marmoratus

Des lézards, nous en avons rencontré, de toutes les formes et de toutes les couleurs. Mais c’est apparemment arrivé au bout du séjour, quand l’on pense avoir tout vu, que les rencontres les plus surprenantes ont lieu. Avec un lézard prestidigitateur, la forêt n’a pas fini de nous étonner !

L’histoire se passe la veille de notre retour. Nous commençons tous à ressentir la fatigue de ce mois passé à marcher plusieurs heures par jour, d’autant plus qu’Anaïs et moi avons particulièrement profité de cette dernière semaine, avec de grosses journées comme celle de la veille où nous avions passé la matinée à ramer en canoë, seuls sur une rivière ! Pour ce dernier jour de forêt avant de faire nos valises, nous partons donc une dernière fois pour notre layon favori, le PK38. Etant allé une seule fois jusqu’au bout de ce chemin (particulièrement atroce sur les derniers kilomètres, avec une pente bien raide en plein soleil), je prends la résolution, même exténué, d’explorer un autre chemin donnant sur une rivière. Anaïs m’accompagne sur les premiers kilomètres pour notre rendez vous photo avec un magnifique oiseau (mais je vous raconterai tout cela demain). Nous partons donc tous les deux d’un bon pas lorsque, avant d’arriver à notre séance photo, je m’arrête brusquement. Comme souvent, j’ai manqué de mettre le pied sur une « petite » bête immobile sur mon chemin.

Il s’agit cette fois d’un long lézard se confondant parfaitement avec la terre. Comme vous pouvez le voir sur cette photo, la longueur, surtout pour la queue, est loin d’être négligeable (la réglette de fabrication « Anaïs » permet de le juger, une bande valant un centimètre). En y regardant de plus près, l’aspect de ce lézard est vraiment surprenant, ne ressemblant à rien de ce que nous ayons pu voir jusqu’à présent. Des yeux proéminents et qui semblent mobiles, une morphologie tout en longueur, de curieux dessins autour des yeux, de longs doigts, et surtout, une attitude on ne peut plus calme ! Si la plupart des lézards que nous avons croisé détalaient à toute allure dés notre approche, celui-ci reste parfaitement immobile, seuls ses yeux suivant nos déplacements. Après quelques photos, je décide de le taquiner un peu (désolé petit lézard !). Tout d’abord, il ne bronche pas, puis au moment où mon doigt le frôle, le reptile se retourne en un éclair pour s’immobiliser une dizaine de centimètres plus loin… mais vêtu d’une vive couleur vert pomme ! Laissant ainsi deux photographes abasourdis par ce qu’ils viennent de voir.

Le lézard reprend peu à peu une couleur plus terne, gardant quelques zébrures vertes, puis se dirige vers un petit arbuste en bordure de chemin. Il commence alors son ascension rapidement, puis ralentissant avec de lents mouvements aériens, proposant un mimétisme incroyable, rappelant bien évidemment… un caméléon ! Le père d’Anaïs, resté un peu plus haut dans le layon, étant friand de reptiles en tout genre, je décide d’aller le chercher en vitesse (pour être honnête, aussi pour récupérer le filet à papillon, au cas où notre surprenant lézard déciderait de s’enfuir avant la fin de cette séance photo imposée). Laissant Anaïs sur place, me voici donc parti pour un aller-retour de deux kilomètres en footing, sur une pente en plein cagnard. Chose que je ne recommande à personne…

De retour après de longues minutes de souffrance pour mes pauvres poumons, le filet à la main, je retrouve Anaïs toujours en pleine séance photo devant un lézard qui n’a pas bougé depuis que je suis parti ! Immobile sur une branche, il a repris une teinte beige. Au gré des objectifs s’approchant trop prés de lui, le reptile prend tout à tour une teinte verte menaçante, suspendu la tête en bas, alternant avec des passages plus tranquilles en version beige, en passant par tout une gamme d’intermédiaires, du marron clair aux zébrures vertes, ou encore moucheté d’ocelles magnifiques. Pour avoir une petite idée de la différence de couleur, je propose à Anaïs de prendre ses écailles en macro, en plusieurs versions couleurs ! Le résultat donne ceci, pour avoir une petite idée des capacités de ce magicien des couleurs.

Pour finir, précisons qu’il n’existe bien entendu aucune espèce de caméléon en Guyane, mais le lézard que nous avons rencontré est parfois appelé « faux-caméléon », et on comprend bien pourquoi. Par contre, je n’ai trouvé quasiment aucune documentation sur cette espèce, donc impossible pour moi de vous dire le « truc » de ce magicien, s’il s’agit ou non du même système de chromatophores utilisés par les vrais caméléons. A propos de ces étranges animaux, je profite de ce texte pour casser une idée reçue : aucun caméléon ne change de couleur par mimétisme, ou ne prend la couleur du support sur lequel il vit. Comme pour notre lézard, les teintes indiquent seulement leur état : stressé, calme, belliqueux, etc. Notre reptile du jour, en plus de nous avoir offert un beau cadeau de départ, nous l’a bien montré ! Et sinon, pour la petite histoire, j’ai abandonné l’idée d’explorer le bout du layon ce jour là après ma course effrénée. Tout ça pour un lézard… Mais quel lézard !

Yann

6 Comments

  1. Marion 13 octobre 2009

    Woua ! Une rencontre magique ! Et les photos… En effet, vous avez fait fort. Le page consacrée à cet animal sur Encyclopedia of life est en effet bien vide… http://www.eol.org/pages/1055577

  2. Audrey 13 octobre 2009

    La deuxième photo est superbe !!

  3. Marion 14 octobre 2009

    D’accord avec Audrey !

  4. Jma 16 octobre 2009

    La seconde photo …superbe ! Un beau lézard-caméléon !

    Cdt,
    Jma

  5. fabien 3 novembre 2009

    d’accord avec jm (on se croise partout!), la deuxième est superbe :>

  6. sassou 14 décembre 2009

    Bonjour,

    Très beau lézard! On vient justement d’en croiser un dans mon jardin mais malheureusement mon appareil photo n’avait plus de piles.
    Il était sur le grillage, de couleur grise-marron, immobile, nous avons presque pu le toucher…
    Moi qui était persuadée que c’était un caméléon, j’ai perdu mon pari…
    Bonne journée

    Ps: très belles photos!!!

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