Miam!
Serpent liane vert (Leptophis ahaetulla)
Si parfois la jungle se montre avare en rencontres animales, d’autres fois, elle nous offre une magnifique séance photo, livrée tout prête au pied de notre carbet. Quand le sujet de cette séance est un beau serpent-liane, c’est déjà très bien. Si l’on a la chance d’assister à l’intégralité de son repas, c’est encore mieux !
De retour d’une longue marche en forêt, nous revenons ce jour-là au carbet en fin d’après-midi. Un petit casse-croûte pour reprendre des forces, tout le monde tente d’enlever les vêtements alourdis par 20 kilos de boue, et on se prépare à passer sous une douche glacée. Mais aujourd’hui, nous sommes coupés dans notre élan par des cris venant du carbet plus bas, où nous prenons nos repas le soir. C’est le propriétaire du camp qui appelle une photographe : « Anaïs, vite ! Avec ton appareil ! ». La dite-photographe empoigne alors le dit-appareil et descend à toute allure vers les cris, suivi de prés par son fidèle assistant (c’est moi pour ceux qui suivent !). Le propriétaire nous attend devant la volée de marches menant au carbet, indiquant une forme verte sur une de ces marches. Il s’agit en réalité d’un magnifique serpent liane vert (pour les ignares en serpents comme moi, on ne distingue que deux serpents lianes : le beige et le vert ! Mais chut, je vais me faire taper sur les doigts…).
Mais ce serpent n’était pas seul sur cette marche : il était accompagné par une jolie grenouille, ayant la tête malheureusement déjà bien enfournée dans la gueule du reptile. Enfin, malheureusement pour elle, car pour un photographe, la scène est magnifique ! Au départ, nous avons tout de même dû prendre nos distances. Non à cause du venin, car ce serpent est opisthoglyphe (crochets à venin situés au fond de la gorge – il faut donc vraiment le vouloir pour être envenimé) ; mais pour éviter que le reptile relâche son repas. En effet, si le serpent est dérangé, il peut régurgiter son repas et prendre la fuite. Nous avons donc attendu qu’il ai suffisamment entamé le pauvre batracien pour faire des clichés d’un peu plus près. Avec la difficulté d’une lumière assez faible. Alors que je n’ai pu tirer aucune photo de mon coté, Anaïs, en jouant avec la balance des blancs et en ouvrant fortement son diaphragme (gérant habilement le problème de flou dû au temps de pose plus court), a pu obtenir les clichés du jour sans jamais avoir à utiliser son flash.
Nous avons ainsi pu assister à toutes les étapes du repas. Si au départ seule la tête de la grenouille était engloutie, le reste du corps a suivi en quelques minutes, pour ensuite laisser les pattes postérieures seules à l’extérieur, et finalement les voir disparaitre entièrement dans la gueule du reptile. Puis le serpent a quitté précipitamment le lieu du crime pour grimper sur de grandes feuilles poussant au bord des marches. Au fur et à mesure de sa progression, nous pouvions voir la forme de la grenouille dans le corps du serpent s’éloigner de la gueule de ce dernier. Le gourmand a alors continué sa route sur un petit arbre à proximité, se mêlant habilement à la végétation. Car ce reptile n’est pas nommé « serpent-liane » pour rien ! Petit jeu : saurez-vous repérez le serpent liane (ici une autre espèce rencontrée quelques jours plus tard) habilement caché sur cette photo ?
J’aimerais finir ce post en revenant sur la première photo d’Anaïs, où le serpent engloutit la grenouille se débattant. Ce cliché est sans doute celui qui a fait le plus débat entre Anaïs et moi. A tel point qu’Anaïs ne souhaitait pas la publier au départ, alors que pour ma part, je considère que cette photo figure parmi les meilleures de ce séjour. Du coté de la photographe, des couleurs ternes et une impression de flou sur l’œil. Pour ma part, une grande force visuelle servie par le panoramique, une scène impressionnante et une maitrise technique. Camarade, choisit ton camp !
Yann
Je trouve que la première photo est la meilleure de la série… J’aime beaucoup la 3ème aussi. La technique de la première n’est peut-être pas parfaite mais la scène est forte ! C’est ce qui me semble le plus important pour un(e) photographe. Une technique parfaite sur un sujet fade c’est bon pour s’entraîner… Ce n’est qu’un avis perso ! Quoiqu’il en soit, bravo à la photographe…
D’accord avec tout ce que dit Audrey. Pour ma part, ma préférée est également la troisième, question d’esthétique pure. Mais si on en vient au comportement même des animaux en liberté, parfois les photos ne peuvent pas être des « gravures de mode ». D’ailleurs, j’aime assez quand c’est un peu « brouillon » aussi, « brut », ça prouve que ce n’est pas du « studio » ou une situation arrangée. Seul détail qui me plaît moins, la petite feuille en travers qui fait qu’on ne voit pas immédiatement les pattes de la grenouille.
J’aime beaucoup celle-ci : http://nisnisphoto.free.fr/wp-content/gallery/Guyane%202009/serpent%20liane.jpg surtout pour le point de vue que je trouve très amusant vu la situation. J’aime aussi beaucoup la 1ère même si je comprends les avis de vous 2, cependant, la scène est effectivement trop belle pour ne pas être montrée