Le maitre des marais

Caiman à lunettes (Caiman crocodilus)

Certaines photos se méritent et obligent le photographe à se surpasser. Je ne parle pas des heures de marches, des charmantes petites bêtes potentiellement mortelles, de la boue, des moustiques, de la chaleur ou des pluies tropicales. Non, pour cette photo, c’est le pire cauchemar de la jungle que nous avons dû affronter : la sortie bidochon.

En effet, notre camp était installé sur la RD6, minuscule route entre les villages de Roura et de Kaw. Ce dernier est situé au beau milieu des marais de Kaw, qui constituent la deuxième plus grande réserve naturelle française. Et si en forêt il est souvent difficile d’apercevoir la faune de par l’immensité du territoire ; dans les marais, les animaux grouillent et sont souvent peu farouches. Seul problème, pour y accéder, le plus simple pour nous était de suivre un guide et de nous entasser dans une pirogue en compagnie de touristes. Et vu l’intérêt de certains pour la nature les entourant, les heures furent parfois longues lorsqu’on s’est habitué au calme et à la solitude de la forêt…

Malgré nos voisins de pirogue, nous voici donc partis pour une journée sur les marais. Comme vous le verrez dans les jours qui suivent, cette journée a tenu ses promesses en termes de photographie. Le jour, les oiseaux sont omniprésents, puis laissent la place la nuit aux caïmans. Ces reptiles sont aussi présents de jour, mais l’obscurité permet de les repérer facilement grâce à un projecteur puissant, leurs yeux reflétant alors une lumière rouge caractéristique et visible à plusieurs dizaines de mètres.

L’hôte le plus réputé de ces marais est l’impressionnant Caïman noir (Melanosuchus niger), dont certains spécimens dépasseraient les sept mètres et pèseraient plus d’une tonne. Cependant, l’espèce que nous avons rencontrée le plus souvent ce soir là fut le Caïman à lunettes (Caiman crocodilus), mesurant « seulement » un à deux mètres. Pour celui immortalisé par Anaïs, sa taille bien plus petite a permis à notre guide de l’attraper pour ensuite l’amener sous l’objectif d’Anaïs.

Et oui, dés mon premier post, je brise déjà le mythe d’une telle photo ! Non, ce petit caïman ne nageait pas paisiblement le long de notre pirogue, il était bien immobilisé dans les mains de notre guide. Pour la défense du photographe, je tire mon chapeau pour la réalisation d’une telle photo de nuit, sans flash. En effet, alors que le flash donne des clichés avec une lumière très crue (pas du meilleur effet pour de l’animalier), Anaïs a ici testé la photo nocturne à la lumière des lampes torches. L’intérêt est ici d’obtenir une image conservant ces ombres, et bénéficiant de couleurs beaucoup plus douces. Pour cela, il a donc fallu ouvrir le diaphragme (donc moins de profondeur de champ) et choisir un temps de pose relativement long (donc sujet à un flouté). Mais voila le résultat !

Yann

3 Comments

  1. Marion 2 septembre 2009

    La photo est magnifique, servie par un texte percutant… Pour une première, bravo vous deux !!!

  2. Clairema 3 septembre 2009

    La technique rend bien, chapeau 🙂

  3. Audrey 22 septembre 2009

    Superbe cliché. L’idée des lampes torches est bien trouvée !

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